L’époque ottomane

Après un siège de trois mois, au cours duquel toutes les réserves de nourriture sont consommées, et après la chute de la forteresse de Souda, le Provéditeur de Spinalonga, Zuan Francesco Giustiniani, rend la forteresse aux Ottomans le 4 octobre 1715. La garnison vénitienne se retire, mais malgré l’accord, le reste des habitants de l’îlot sont capturés. 120 hommes capables de ramer sont envoyés à la base navale impériale de Constantinople, tandis que 230 hommes incapables de ramer et 243 femmes et enfants sont vendus sur le marché aux esclaves alors florissant.

La forteresse reste inhabitée pendant environ deux ans jusqu’à ce que les réparations des fortifications soient terminées. En 1718, des corps de soldats musulmans locaux (janissaires) s’installèrent sur l’îlot avec leurs familles.

La colonie militarisée est également un centre légal de la traite des esclaves, sert de lieu d’exil et d’emprisonnement des condamnés chrétiens et musulmans de toute la Crète, tandis qu’elle est également utilisée comme centre de détention pour les compagnies de janissaires responsables de soulèvements ou d’émeutes.

Au cours de la même période, le port de Spinalonga se développe progressivement en une importante étape pour le transport maritime dans la zone sud-est de la mer Égée. En 1718, le seul bureau de douane de la province de Mirabello a été établi ici, fonctionnant avec de courtes périodes d’interruption jusqu’en 1866. L’îlot est donc le siège de sociétés commerciales et évolue en une base d’activité commerciale dans la région, attirant l'intérêt des investisseurs locaux puissants provenant de la sphère politique et économique.

Vue générale de Spinalonga sur une photo de G. Gerola en 1901. ©Bibliothèque municipale Vikelaia d’Héraklion, Département des archives, Collection G. Gerola

Le port commercialise des produits tels que le sel, le cuir, le miel, la cire, l’emeri (les pierres a aiguiser), la soie, les caroubiers, etc. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, Spinalonga était un important point de chargement d’huile d’olive pour les navires français qui transportaient l’huile vers les savonneries de Marseille. Sur l’îlot opère aussi un centre de quarantaine.

L’activité révolutionnaire des chrétiens de Crète tout au long du 19ème siècle change radicalement la situation sur l’îlot. Il y a de fréquents affrontements entre les révolutionnaires chrétiens locaux et les forces militaires et navales ottomanes stationnées à Spinalonga.

Galerie de photos

Liste nominative des prisonniers vendus de Spinalonga. ©Archives turques d’Héraklion, Bibliothèque municipale Vikelaia d’Héraklion

Le côté sud de Spinalonga à la fin du XIXème siècle. On peut percevoir une partie des habitations intra-muros, ainsi que les bâtiments sur le front de mer. ©Archives Jean-Pierre Destelle

Des habitants musulmans et un soldat Français du contingent de paix chargé de protéger les habitants de Spinalonga, dans le bastion de Tiepolo. Photo du Consul général de France en Crète Paul Blanc (1898). ©Dossier Jean-Pierre Destelle

Sur la porte voutée de la porte de Carbonana et sous la couche de chaux avec l’inscription se référant au café de l’époque de la Léproserie, on peut voir une partie d’un emblème au centre et une partie d’une inscription à gauche en rouge, probablement liée aux janissaires locaux qui vivent sur l’îlot. ©Éphorie des Antiquités de Lassithi