La vie quotidienne dans la communauté ottomane

À Spinalonga de l’époque ottomane vivent des soldats qui sont salariés, employés de l’État et occupent leurs postes à vie. Leur vie est différente de celle des soldats de l’époque vénitienne, car les musulmans vivent dans la forteresse avec leurs familles, ce qui aide à surmonter la solitude et l’isolement. D’ailleurs, l’intégration des habitants de Spinalonga dans le corps des janissaires ne les exclut pas d’autres occupations professionnelles.

La population totale de la colonie au début du XIXème siècle est estimée entre 800 et 1400 personnes, tandis qu’à la fin de la décennie 1870-1880 la population de l’îlot s’élève à 1.112 habitants (227 familles). En fait, en 1886, Spinalonga est reconnue comme une municipalité.

La société de l’île présente des caractéristiques urbaines. Les habitants sont principalement des commerçants et des grossistes, des marins et des armateurs à entreprise possédant des entreprises privées et des coopératives. Ils commercialisent la production locale, approvisionnent la région avec toutes sortes de produits et couvrent les besoins de transport des chrétiens et des musulmans. Les agriculteurs et les propriétaires fonciers dépassent à peine 10% de la population.

Le caractère urbain de la population est également mis en évidence par le taux élevé d’alphabétisation, en particulier chez les femmes, qui est plus élevé que dans les trois grands centres urbains de Crète (La Canée, Réthymnon et Héraklion). En fait, une école primaire fonctionne à Spinalonga depuis le XVIIIe siècle, tandis qu’en 1881, une école de deux ans préparant au collège fonctionnait sur l’îlot.

Contrairement aux descriptions des voyageurs Européens, qui caractérisent la population de l’îlot comme introvertie et isolée des habitants chrétiens de la région, il semble que les habitants de Spinalonga aient créé une grande colonie, avec des contacts commerciaux s’étendant de Candie aux Cyclades, au Dodécanèse et, dans la première moitié du XVIIIe siècle, à l’Europe occidentale.

Maisons de la colonie ottomane dans la partie sud-est de l’îlot sous la croissant de Moceniga. ©Bibliothèque municipale Vikelaia d’Héraklion, Département des archives, Collection G. Gerola

La colonie musulmane se développe en niveaux sur les côtés sud et ouest de l’îlot, détruisant ou modifiant la plupart des installations de la période vénitienne. La colonie musulmane occupe des habitations densément construites et organisées en au moins huit quartiers. L’architecture des maisons porte des caractéristiques que l’on retrouve dans les maisons des Balkans et d’Asie Mineure. Les anciennes routes s’améliorent et continuent d’être les routes principales de la colonie. Il y a aussi un certain nombre de chemins pavés. Sur le côté Est se trouve l’un des cimetières de la colonie. À l’endroit où se trouve l’église catholique de Sainte Barbe dans la partie ouest de l’îlot, une mosquée est construite. Dans la partie la plus méridionale de la route principale, il y a des cafés et des magasins, dont la plupart utilisent la salle de l’étage supérieur comme espace auxiliaire. Il y a aussi des commerces à l’extérieur de la muraille, sur le front de mer au sud de l’îlot.

Galerie de photos

Colonnes ottomanes en marbre. ©Éphorie des Antiquités de Lassithi

Fleurs d’argile faites de seringues de tabac. La « loulas » était la coupe où l’on brûlait le tabac. Une tige en bois se terminant par un embouchure y était attachée. Souvent, cette dernière était omise pour avoir le plaisir direct du tabac à partir du bord de la tige en bois. ©Éphorie des Antiquités de Lassithi

La route du quartier ottoman vers la mosquée, dont une partie est visible à l’arrière-plan avec son minaret. Photo de Giuseppe Gerola (1901). ©Bibliothèque municipale Vikelaia d’Héraklion, Département des archives, Collection G. Gerola

La façade de la maison 104 avant la restauration. ©Éphorie des Antiquités de Lassithi